Dans la contribution qu’elle verse au Ségur de la santé, La Mutualité française n’y va pas par quatre chemins ! Elle propose de sanctionner les professionnels de santé libéraux qui n’exerceraient pas dans un cadre coordonné. Pour cela, La Mutualité propose de baisser purement et simplement leur rémunération.
Le CNPS a rappelé que ces propositions étaient bien inutiles puisque les professionnels de santé libéraux exercent déjà largement dans un cadre coordonné. En revanche, La Mutualité veut revoir le fonctionnement du système conventionnel. Le CNPS est farouchement opposé à ce qui est proposé. Les conventions doivent rester l’instrument des professions, et leur fonctionnement ne doit pas être complexifié, notamment en y important les complexités du fonctionnement des instances européennes.
Voir le communiqué du CNPS
… les syndicats aussi
Pour les CDF, La Mutualité « perd les pédales »
Réagissant aux propositions de La Mutualité française dans le cadre du Ségur de la santé, les Chirurgiens-Dentistes de France (Les CDF) ont estimé que La Mutualité avait perdu les pédales. « Alors que le monde entier s’oriente vers une vision décentralisée des soins primaires dans l’ensemble des territoires, La Mutualité se permet des jugements à l’emporte-pièce, déconnectés du terrain » estiment les CDF. « Est-ce donc opportun de s’attaquer à la rémunération des soignants isolés, qui se sont activement impliqués pour répondre aux besoins de proximité ? » interrogent les CDF. « Plutôt que de faire des propositions en dépit du bon sens, les Chirurgiens-Dentistes de France invitent La Mutualité française à s’occuper de ce qui la concerne, notamment de faire en sorte de diminuer ses frais de gestion pour permettre une meilleure couverture de ses adhérents. »
Voir le communiqué des CDF
« Des idées surréalistes » juge la CSMF
Pour la Confédération des syndicats médicaux français (CSMF), « à moins d’exercer sur une île déserte, les médecins, aujourd’hui, travaillent et prennent en charge les Français de façon coordonnée ». « La Mutualité française ferait mieux de s’interroger sur le splendide échec extrêmement coûteux du DMP, qui devrait être la pierre angulaire de la coordination et qui, malheureusement, est perdu dans les limbes ».
« Autre idée tout aussi déconnectée de la réalité, celle de faire des ARS les régulateurs de l’offre. Peut-être que La Mutualité française souhaite-t-elle que les ARS, dont on a vu la faillite de la plupart d’entre elles pendant cette crise de la Covid-19, soient à la manœuvre pour réguler les soins de ville, et donc qu’elles mettent fin à la liberté d’installation ? » interroge la CSMF.
Le syndicat « se tient à la disposition de la Mutualité française pour mener une réflexion afin d’améliorer le fonctionnement de notre système de santé mais cela ne peut se traduire par des propositions aussi éloignées de la réalité ».
Voir le communiqué de la CSMF
Pour le SML, les propositions de La Mutualité sont des « provocations »
Pour le Syndicat des médecins libéraux (SML), la Mutualité française fait du Ségur de la santé une « tribune pour rappeler l’ambition qu’elle porte de longue date de mettre la médecine libérale en coupe réglée ».
« Au rebours de la politique d’incitation poursuivie par le Gouvernement, La Mutualité prône la fin de la liberté d’exercice des médecins libéraux en rendant obligatoire l’exercice en mode kolkhoze et les rémunérations collectivistes qui s’y rattachent », s’indigne le SML. Au-delà de la caricature, il se dit « formellement opposé » aux baisses de rémunération aux obligations supplémentaires que propose la Mutualité.
Si le SML est favorable à la médicalisation des EHPAD, contrairement à La Mutualité, il estime que leurs équipes médicales n’ont pas vocation à capter la patientèle des médecins libéraux des territoires concernés. « La Mutualité montre qu’elle ne poursuit pas d’autre objectif que de se tailler de nouvelles parts de marché dans les territoires à partir des établissements qu’elle possède », reproche le SML.
Voir le communiqué du SML
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