Quels sont les nouveaux besoins des patients ?
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Participent à cette table ronde :
Gérard RAYMOND, Secrétaire général de la Fédération Française des Diabétiques (FFD) ;
Luc DUQUESNEL (CSMF);
Roger RUA (SML);
Philippe TISSERAND (FNI) ;
Daniel PAGUESSORHAYE (FFMKR).
Cette table ronde est animée par Sylvie FONTLUPT, Consultante en charge de la communication du CNPS.
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I) L’engagement
d’une révolution du système de soins
Sylvie FONTLUPT indique que les pathologies lourdes
représentent 63 % des dépenses de soins. En outre, la France compte
4,8 millions de personnes âgées de plus de 75 ans, dont 90 %
souffrent au moins d’une pathologie.
Gérard RAYMOND, Secrétaire général de la FFD, précise que le
système de santé, axé sur le curatif, doit évoluer vers plus de prévention et
d’accompagnement du malade afin de répondre aux besoins de deux typologies de patients : la personne âgée et le malade
chronique, et ainsi mieux conserver le capital santé des citoyens. Par
conséquent, l’enjeu de la stratégie nationale de santé est d’organiser un vrai
débat public.
Daniel PAGUESSORHAYE, Président de la FFMKR, constate que
les professionnels se sont déjà adaptés à l’évolution des besoins de la
population. Il faut faire confiance aux libéraux de santé pour adapter les
structures au terrain.
Luc DUQUESNEL (CSMF) évoque le projet de santé territorial
élaboré dans son département, la Mayenne, par les professionnels de santé de
son département, en partenariat avec les autres acteurs. Celui-ci inclut un
parcours de soins au bénéfice de la personne âgée, qui vise à préparer des
alternatives à l'hospitalisation, en particulier à travers la télésurveillance
à domicile. Les libéraux assument la gouvernance de cette expérimentation,
ainsi que celle du PAERPA et participent à la mise en place du dossier patient
partagé. En définitive, il n’est pas question de supprimer les structures
existantes ni d’en créer de nouvelles, mais de faire tomber les murs pour
coordonner les actions des uns et des autres.
Philippe TISSERAND (FNI) relève que les professionnels sont
confrontés à une tendance lourde de « filiarisation », dont les
usagers se sentent captifs. En amont de l’HAD, il n’est pas fait appel aux
libéraux de santé, mais à une structure : le SSIAD. Cette forme de « violence
institutionnelle » suscite l’incompréhension des patients. C’est pourquoi
il ne faut pas perdre de vue la notion de libre choix. N’ayant pas la
prétention de s’exprimer à la place de ses patients, Philippe TISSERAND
propose de les interroger au travers d’une enquête nationale de santé, qui
serait relayée par les professionnels libéraux.
Gérard RAYMOND estime qu’il s’agit d’une bonne idée et
souhaite que les associations de patients participent à l’élaboration du
questionnaire. Il estime aussi que les demandes individuelles qui seront
formulées permettront aux structures collectives d’établir un plaidoyer
collectif.
Daniel PAGUESSORHAYE indique que son syndicat a préconisé le
recours à l’entente préalable pour l’entrée dans des structures telles que les SSR.. Les patients
orientés vers ces centres bénéficient de certains avantages qu’ils n’auraient
pas en ville. Des solutions doivent être recherchées dans l’intérêt du patient.
Roger RUA (SML) perçoit la stratégie nationale de santé
comme une « stratégie nationalisée de santé ». Il est préférable de
laisser les libéraux de santé s’adapter aux besoins réels des patients. Plus
qu’une question financière, la problématique de l’organisation des soins est
celle de la communication entre les professionnels. En outre, le système de
santé doit évoluer vers la prévention et l’hôpital revenir à son cœur de
métier, c'est-à-dire l’expertise de plus haut niveau.
Gérard RAYMOND estime que la stratégie nationale de santé
doit laisser une grande liberté aux professionnels de santé des territoires
pour organiser la prise en charge des patients. De la même manière, il croit
beaucoup à l’implication dans élus et des forces vives des territoires.
Luc DUQUESNEL considère également qu’il faut faire confiance
aux professionnels du terrain pour répondre aux problématiques territoriales.
De nombreuses expérimentations sans menées, sans pour autant faire l’objet
d’une évaluation. L’organisation du système de soins requiert une décision
politique.
Philippe TISSERAND s’inquiète de l’émergence d’une pensée
dogmatique selon laquelle la ville doit être organisée comme l’hôpital – où les
emplois technocratiques ont pourtant été développés au détriment des emplois
soignants. Sous couvert de progressisme, il ne faudrait pas scléroser le système
de santé de la ville.
Roger RUA considère qu’il faut encourager le développement
des initiatives des professionnels libéraux du terrain en investissant
massivement sur l’ambulatoire et le libéral. En effet, l’hôpital doit rester à
son juste niveau d’expertise.
Daniel PAGUESSORHAYE juge qu’il n’est pas nécessaire de
créer de nouvelles professions de santé.
Gérard RAYMOND conclut que le système de soins doit engager
une vraie révolution, en décloisonnant les métiers existants pour rapprocher le
médical du social. Il faut définir ensemble des propositions humanistes.
I) Echanges
avec la salle
Répondant à une question du Docteur HEFLIGER, vice-président
du CDPS 91, Roger RUA indique que l’unité de lieu n’est pas
nécessaire pour l’organisation des pôles de santé.
Luc DUQUESNEL précise que le projet de santé
territorial ne requiert pas de projet immobilier. L’efficience des réseaux
hospitaliers a par ailleurs été remise en cause.
Bernard GAUTIER (CDPS 93) précise que les patients sont
déjà représentés au sein des CRSA, dont l’avis n’est cependant que consultatif.
Bien que la mise aux normes prévue par la loi ait été reportée, les
associations de patients doivent être un peu plus modérées dans leurs
interventions.
Au sujet des associations de patients, Gérard RAYMOND
préfère utiliser la notion de « participation » plutôt que celle de
« représentation ». La loi confirmera la possibilité des actions de
groupe.
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